Cap de l'eau

Lundi 5 Mai

Ce matin nous partons pour « ras el ma »= cap de l'eau. C'est un village de pêcheur à 20km de Saïdia sur la même plage. Ayant garé le cc en bordure de plage, nous partons explorer les lieux et faire quelques courses. En chemin nous sommes arrêtés par le conducteur d'une voiture. C'est un français qui a construit sa maison ici, pour le prix de notre CC, nous dit il. Il nous invite à venir garer notre véhicule devant chez lui pour que nous soyons tranquille car il y a 5 ou 6 gars qui posent problème dans ce village. Puis nous nous séparons, inshallah, on verra ce soir. En attendant nous partons aux courses. Nous voyons des anchois et nous décidons d'aller au restaurant en déguster. Nous n'en avions jamais mangé grillé et nous sommes un peu déçus. Il vaut mieux les manger en conserves que frais !

A la suite de quoi, nous allons digérer sur la plage ! Quelle idée !!! Une plage de merveilleux sable fin, s'étendant à l'infini......recouverte d'immondices de toute sorte....à tel point qu'on ne sait même pas où poser ses fesses.... Comment peuvent ils tolérer cela ? Cela ne semble pas les gêner. Des dizaines de marocains et marocaines y évoluent en chahutant. 

Après avoir tout de même trouvé un endroit potable et en regardant la mer nous passons un moment agréable allongés sur le sable tiède. La sieste porte conseil, nous décidons d'aller sur les hauteurs et d'accepter l'invitation du français. La vue d'en haut est quasi sublime. Nous avons en face de nous tout prêt de la côte des îlots espagnols : les îles «  chaffarines ». Nous surplombons de30 ou 40m de haut une mer dont la clarté nous permet d’apercevoir le fond. Un chasseur sous marin est très occupé à traquer les poissons.

Le français arrive, il nous conduit, nous fait garer, et nous invite à l'apéro. Il a construit sa maison il y a quelques années. Ses parents étaient colons, avaient des entreprises et des propriétés dans une ville tout prés d'ici. Lui a quitté le Maroc à l'âge de 15 ans et il a gardé beaucoup de nostalgie. Il a une jeune gouvernante dont l'histoire est assez difficile. Cette personne vivaient dans sa famille, elle étaient la bonne de tout le monde, et un jour, sans qu'elle ne sache trop comment ! Le médecin lui a appris qu'elle était enceinte. La famille a voulu qu 'elle avorte ; Elle refusa de toute sa force et sa volonté et fut mis à la porte de la maison. Pendant ce temps là le père émigrait au canada sans reconnaître l'enfant. Résultat: 1- cette jeune de 28 ans se retrouve quasiment à la rue sans aide, sans qualification, sans revenu. 2-l'enfant non reconnu par le père n'existe pas, il n'a pas d’existence légale puisqu'il n'a pas de nom ..... C'est l'histoire vrai qu'il nous a raconté. Depuis cette femme a 32 ans, tous les matins elle travaille chez lui, touche un salaire, a son appartement, et conduit son enfant à l'école. Nous nous interrogeons sur l'avenir de cet enfant et sur la dureté de la vie marocaine pour les femmes. Les choses semblent évoluer, mais on les souhaiterait avec plus de célérité.

Une autre histoire de ce personnage mérite d'être racontée. Il s'agit de la pêche au thon, le gros, celui qui pèse 150, 200 voire 250kg. Lui a voulu s'y essayer, il faut dire qu'il habitait Arcachon et qu'à ce titre c'était un fondu de pêche. Il organise donc sa pêche comme il l'aurai fait en France : un accompagnateur marocain, un bateau qu'il loue, une grosse canne à pêche avec un scion gros comme le gros pouce de la main, du fil costaud, et un moulinet pour la pêche au gros. Les voilà partis à 3km de la côte, ils commence à appâter et ça mord, la canne à pêche se plie..... et tout se casse, le gros moulinet comme la canne... Moralité des marocains : maintenant tu as vu ! a prochaine fois tu ne prendra pas de moulinet ni de canne, il faut un hameçon de10cm, du fil de 3mm d'épaisseur et une corde de 200à 300m et surtout pas un barque que le poisson pourrait briser, mais un gros bateau bien solide !.....Depuis je rêve de gros thons